La pauvreté et la précarité restent des enjeux majeurs au sein de l’Union européenne, touchant des millions de personnes et révélant d’importantes disparités entre les pays membres.
Derrière les chiffres, ce sont des réalités sociales complexes qui se dessinent, avec des profils variés et des situations contrastées selon les territoires. Comprendre les mécanismes, les évolutions récentes et les groupes les plus exposés permet de mieux appréhender l’ampleur du phénomène et les défis à relever pour garantir une société plus inclusive et solidaire à l’échelle européenne.
Situation et évolution de la pauvreté et des conditions modestes dans l’Union européenne
En 2024, près de 21 % des citoyens de l’Union européenne, soit 93,3 millions de personnes, sont exposés au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, selon Eurostat. Si la tendance globale est à la baisse depuis dix ans (17,3 % de taux de pauvreté en 2014 contre 16,2 % en 2024), d’importantes disparités persistent entre États membres.
La Bulgarie (30,3 %), la Roumanie (27,9 %) et la Grèce (26,9 %) restent les plus touchées, malgré des améliorations notables depuis 2015. À l’inverse, la République tchèque (11,3 %), la Slovénie (14,4 %) et les Pays-Bas (15,4 %) affichent les taux les plus faibles. La France, avec 20,5 %, se situe légèrement sous la moyenne européenne.
Définitions, seuils et indicateurs de la pauvreté en Europe
La pauvreté en Europe se mesure principalement selon le seuil de 60 % du revenu médian national, variable d’un pays à l’autre : il s’établit à 530 euros en Roumanie contre 1 500 euros au Luxembourg. L’Union européenne utilise aussi l’indicateur AROPE, qui combine pauvreté monétaire, privation matérielle sévère et faible intensité de travail.
En France, une personne seule est considérée comme pauvre si elle perçoit moins de 1 288 euros par mois (2023). Les profils diffèrent selon les pays : étudiants et jeunes sont surreprésentés dans le Nord-Ouest, tandis que familles actives et couples avec enfants sont plus touchés dans le Sud et l’Est. Cette diversité rend la comparaison complexe mais essentielle pour adapter les politiques sociales.
Profils et catégories sociales les plus exposés à la pauvreté
Les personnes les plus exposées à la pauvreté en Europe varient selon la région et la situation sociale. Dans le Nord et l’Ouest, les jeunes, étudiants et familles monoparentales sont particulièrement vulnérables, avec jusqu’à 29 % d’étudiants pauvres au Danemark. Les familles nombreuses et les chômeurs restent aussi très touchés : 61 % des chômeurs de l’UE-27 vivent sous le seuil de pauvreté ou dans la précarité.
Julien, 28 ans, étudiant
À l’Est et au Sud, la pauvreté frappe davantage les actifs, notamment les couples avec enfants, et les seniors dans les pays baltes ou en Bulgarie. Les disparités nationales sont marquées, la part de personnes pauvres allant de 9,5 % en République tchèque à plus de 21 % en Bulgarie ou dans les pays baltes.
Catégories sociales les plus touchées par la pauvreté
- Nord et Ouest de l’Europe : jeunes, étudiants, familles monoparentales (jusqu’à 29 % d’étudiants pauvres au Danemark)
- Familles nombreuses et chômeurs : 61 % des chômeurs de l’UE-27 vivent sous le seuil de pauvreté
- Est et Sud : couples avec enfants et seniors dans les pays baltes et en Bulgarie
Politiques et actions européennes de lutte contre la pauvreté
Face à la persistance de la pauvreté, l’Union européenne a renforcé son arsenal avec le Socle européen des droits sociaux, adopté en 2017, et l’instrument SURE, créé en 2020 pour soutenir l’emploi lors de la crise sanitaire.
Le plan d’action 2030 vise à réduire d’au moins 15 millions le nombre de personnes menacées de pauvreté, dont 5 millions d’enfants, tout en portant le taux d’emploi à 78 % et la participation à la formation à 60 %. Ces mesures s’adaptent aux réalités nationales via des financements ciblés et une coordination accrue, mais restent confrontées à la diversité des contextes sociaux et économiques, rendant la lutte contre l’exclusion un défi collectif et évolutif.