L’affichage du Nutri-score sur les emballages alimentaires s’apprête à franchir une nouvelle étape décisive en France. Ce logo coloré, déjà familier des consommateurs, pourrait bientôt devenir incontournable dans les rayons, bouleversant les habitudes des industriels et des grandes marques.
Entre volonté de transparence, enjeux de santé publique et débats politiques, la mesure suscite de vives réactions. Les produits du terroir, porteurs de labels de qualité, pourraient toutefois échapper à cette obligation.
Alors que le projet de loi poursuit son parcours législatif, l’avenir du Nutri-score s’annonce au cœur des discussions.
Adoption de l’obligation d’affichage du Nutri-score
Le vendredi 7 novembre 2024, l’Assemblée nationale a franchi une étape clé en votant l’obligation d’affichage du Nutri-score sur les emballages alimentaires, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026.
Portée par des amendements issus des groupes socialiste et écologiste, la mesure a été adoptée à main levée, malgré l’opposition du gouvernement qui invoque un risque d’incompatibilité avec le droit européen.
Objectifs et enjeux du Nutri-score pour les consommateurs
Le Nutri-score, instauré en 2017, vise à simplifier la lecture des informations nutritionnelles grâce à un code couleur allant de A (vert, meilleur score) à E (rouge, moins favorable).
Ce système permet aux consommateurs de comparer rapidement la qualité nutritionnelle des produits et d’orienter leurs choix vers une alimentation plus saine
Léa, 34 ans, mère de famille
Les députés justifient l’obligation d’affichage par la nécessité de lutter contre l’augmentation des maladies chroniques liées à l’alimentation, telles que l’obésité ou le diabète, et d’assurer une transparence accrue face à des marques qui, jusqu’ici, n’affichaient pas toujours ce logo.
L’objectif affiché est d’encourager l’industrie à améliorer la composition de ses produits tout en responsabilisant les consommateurs.
Produits concernés et exemptions prévues par la loi
L’obligation d’affichage du Nutri-score s’appliquera à la majorité des produits alimentaires commercialisés en France, à l’exception notable de ceux bénéficiant d’un signe officiel de qualité, tels que l’AOP, l’AOC ou l’IGP.
Cette exemption, introduite par un sous-amendement, vise à préserver les spécificités des produits du terroir, dont les recettes traditionnelles ne peuvent être modifiées sans perdre leur authenticité.
Les parlementaires estiment qu’il serait inapproprié de comparer ces produits artisanaux, souvent peu transformés, aux aliments industriels.
Cette distinction entend protéger le patrimoine gastronomique tout en évitant d’imposer des contraintes inadaptées aux producteurs locaux, tout en maintenant l’objectif de transparence pour le reste du marché alimentaire.
Réserves, oppositions et prochaines étapes législatives
Malgré l’adoption de la mesure à l’Assemblée, le gouvernement et la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, ont exprimé de vives réserves, soulignant un risque de non-conformité avec le droit européen et la possibilité de sanctions pour la France.
Les industriels, quant à eux, restent divisés : certains redoutent une complexification des règles et des coûts supplémentaires, tandis que d’autres y voient une incitation à reformuler leurs produits.
Thomas, 42 ans, ingénieur agroalimentaire
Le texte doit désormais être validé lors du vote final à l’Assemblée nationale, prévu mercredi, avant d’être transmis au Sénat. Son maintien dans la version définitive du projet de loi sera déterminant pour l’entrée en vigueur effective de l’obligation du Nutri-score.