Le projet de budget 2026 inquiète les professionnels de l’immobilier qui redoutent un coup de frein pour le secteur

Le statut du bailleur privé, récemment revisité par les pouvoirs publics, suscite de vives réactions dans le secteur immobilier. Entre attentes déçues et mesures jugées insuffisantes, le débat s’intensifie autour de l’efficacité des nouveaux dispositifs fiscaux censés relancer l’investissement locatif.

Les professionnels du logement expriment leurs inquiétudes face à une réforme perçue comme trop restrictive, tandis que les enjeux liés à l’offre locative privée restent plus que jamais au cœur des préoccupations.

Tour d’horizon des points de friction et des perspectives pour le marché locatif en France.

Un nouveau dispositif fiscal pour stimuler l’investissement locatif

Dans le cadre du projet de budget 2026, le Sénat a récemment adopté un dispositif fiscal inédit visant à encourager l’investissement locatif privé.

 

Ce mécanisme prévoit un amortissement fiscal annuel de 3,5 % pour les logements neufs à loyer intermédiaire, 4,5 % pour le logement social et 5,5 % pour le très social, dans la limite de 80 % de la valeur du bien et jusqu’à 8 000 euros par an pour deux logements maximum.

Malgré l’intention de relancer le marché locatif, la mesure, jugée trop restrictive par les professionnels du secteur, suscite des débats sur son efficacité réelle et son impact limité sur l’offre de logements.

Des critiques unanimes sur l’insuffisance du dispositif

Les principales fédérations du secteur, telles que la FPI et l’Alliance pour le logement, dénoncent l’inefficacité du nouveau statut du bailleur privé, estimant que les avantages fiscaux proposés restent trop faibles pour inciter les particuliers à investir.

Selon Pascal Boulanger, président de la FPI, la rentabilité attendue, inférieure à celle des régimes existants, ne compense pas l’effort d’épargne demandé.

L’Alliance pour le logement regrette également que le texte, vidé de ses ambitions initiales, ne concerne qu’une minorité d’investisseurs et ne permettra pas de relancer significativement le marché locatif privé, qualifiant la mesure de « dispositif de niche » sans impact structurel sur la crise du logement.

 

Des limites qui freinent l’attractivité pour les investisseurs

Les professionnels pointent plusieurs faiblesses majeures du nouveau statut du bailleur privé. D’abord, la rentabilité, estimée autour de 1,6 %, apparaît inférieure à celle d’autres dispositifs fiscaux déjà en vigueur, rendant l’option peu compétitive.

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De plus, le plafonnement à deux logements et la restriction à certains types de biens limitent fortement le nombre de bénéficiaires potentiels. Face à ces contraintes, de nombreux investisseurs préfèrent conserver les régimes existants, jugés plus avantageux.

Enfin, la portée réduite du dispositif, qualifié de « mesure de niche », ne répond pas à l’ampleur des besoins du marché locatif, freinant ainsi toute dynamique de relance significative du secteur privé.

Conséquences sur l’offre locative et perspectives parlementaires

L’adoption de ce dispositif, dans sa version actuelle, fait craindre une aggravation de la pénurie de logements, notamment dans les zones tendues où la demande locative reste forte.

Dans certaines zones tendues, j’observe déjà que des investisseurs préfèrent ne pas se lancer. La mesure ne suffit pas à relancer le marché privé.Julien, 42 ans, gestionnaire de patrimoine

Les professionnels alertent sur le risque d’un désengagement des investisseurs privés, alors que la diversité des besoins sur l’ensemble du territoire nécessite une mobilisation plus large.

Si le Sénat reconnaît que le texte marque un signal en faveur du logement privé, il admet aussi que ses ambitions initiales ont été largement revues à la baisse pour des raisons budgétaires.

La version finale du texte, attendue après de nouveaux débats, sera déterminante pour répondre aux enjeux structurels du marché locatif français.