L’annonce du nouveau gouvernement par Sébastien Lecornu suscite une attente fébrile à Matignon, alors que les tractations politiques s’intensifient.
Entre promesse d’un exécutif resserré, pressions des Républicains et attentes de la gauche, la composition de l’équipe ministérielle et les choix budgétaires à venir cristallisent toutes les attentions.
Le renoncement à l’utilisation du 49.3 pour le budget 2026 marque un tournant dans la méthode de gouvernance, mais soulève de nombreuses interrogations sur la sincérité de l’ouverture parlementaire et la capacité du gouvernement à bâtir des compromis durables.
Annonce et composition du nouveau gouvernement
Plus de trois semaines après sa nomination à Matignon, Sébastien Lecornu s’apprête à dévoiler la composition de son gouvernement, attendu pour la fin de semaine. Fidèle à sa promesse d’un exécutif resserré, le Premier ministre envisage de limiter l’équipe à 25 ministres, contre 35 précédemment.
Camille, 42 ans, conseillère parlementaire
Plusieurs figures majeures devraient être reconduites, notamment aux portefeuilles régaliens, tandis que peu de nouveaux entrants sont pressentis, à l’exception possible de Bercy pour affronter le défi budgétaire.
Parmi les départs notables, François Rebsamen, ministre sortant de l’Aménagement du territoire, a confirmé son absence, invoquant ses convictions de gauche. Cette recomposition s’inscrit dans un contexte politique tendu, marqué par les exigences des Républicains et la recherche de compromis parlementaires.
Les enjeux politiques et les pressions des Républicains
La participation des Républicains (LR) au futur gouvernement demeure incertaine, leur président Bruno Retailleau posant des conditions strictes. LR exige des engagements fermes sur la rigueur budgétaire, la réduction des dépenses publiques, le renforcement de la sécurité et un durcissement de la politique migratoire, notamment sur l’aide médicale d’État et le contrôle des visas.
Ces revendications, jugées incontournables par Retailleau, ont ralenti les négociations et retardé l’annonce du gouvernement. Le chef de file de LR réclame également une représentation significative de son parti au sein de l’exécutif. Face à la volonté de Sébastien Lecornu de donner plus de pouvoir au Parlement, LR craint de perdre son rôle d’arbitre dans la majorité.
Ce que réclament les Républicains à Sébastien Lecornu
- Rigueur budgétaire : engagement sur une trajectoire de réduction des dépenses publiques.
- Sécurité intérieure : renforcement des moyens pour la police et la justice.
- Immigration : durcissement des conditions de l’aide médicale d’État et du contrôle des visas.
- Représentation politique : présence significative de ministres issus de LR au sein du gouvernement.
Renoncement au 49.3 et ouverture du débat parlementaire
En renonçant à l’usage du 49.3 pour l’adoption du budget, Sébastien Lecornu entend marquer une rupture et ouvrir la voie à un véritable débat parlementaire. Si le Parti socialiste salue ce geste, il reste prudent, redoutant une manœuvre tactique et exigeant des garanties sur la possibilité de débattre de la réforme des retraites.
Le Rassemblement national, tout en saluant un geste démocratique, attend de juger sur pièces lors du discours de politique générale. Les écologistes et les communistes dénoncent un manque de clarté et d’engagements concrets, tandis que La France insoumise doute de la sincérité de la démarche, pointant les autres outils constitutionnels permettant au gouvernement de limiter la liberté réelle du Parlement.
Mesures fiscales et recherche de compromis
Le projet de budget présenté par Sébastien Lecornu prévoit une baisse de la CVAE de 1,1 milliard d’euros dès 2026, avec une suppression progressive sur trois ans, principalement au bénéfice des PME industrielles.
Parallèlement, une nouvelle taxe sur le patrimoine financier des holdings familiales est proposée, visant à répondre aux attentes de la gauche sans aller jusqu’à la taxe Zucman. Ces annonces suscitent des critiques : la gauche juge les mesures insuffisantes et réclame davantage de justice fiscale, tandis que la droite reste sceptique sur l’impact économique. Pour éviter une motion de censure, le gouvernement multiplie les gestes d’ouverture et cherche un compromis, amorçant ainsi une méthode de gouvernance plus parlementaire, mais non sans risques d’instabilité politique.